Page:Œuvres de Blaise Pascal, VII.djvu/185

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

171

��[FRAGMENT D'UNE DIX-NEUVIÈME LETTRE] i

Mon Révérend Père, Si je vous ay donné quelque déplaisir par mes autres Lettres en manifestant rinnocence de ceux qu'il vous importoit de noircir, je vous donneray de la joye par celle cy en vous y faisant paroistre la douleur dont vous les avez remplis. Consolez vous, Mon Père, ceux que vous haïssez sont affligez^, Et si MM. les Evesques exécutent dans leurs Diocèses les conseils que vous leur donnez de contraindre à jurer et à signer qu'on croit une chose de fait qu'il n'est pas véritable qu'on croye et qu'on n'est pas obligé de croire, vous réduirez vos adversaires dans la der- nière tristesse de voir l'Eglise en cet estât. Je les ay vus, Mon Père, et je vous avoue que j'en ay eu une satisfaction extrême. Je les ay vus non pas dans une générosité philosophique, ou dans cette fermeté irres- pectueuse qui fait faire impérieusement ce qu'on croit estre de son devoir ; non aussi dans cette lascheté molle et timide qui empesche ou de voir la vérité, ou de la suivre, mais dans une pieté douce et solide,

1, Ce fragment, publié pour la première fois, mais sans les notes, par Bossut, se trouve dans le ms. f. fr. 124/19, p. ^^^' delà Bibliothèque Nationale ; il est annexé à la seconde copie des Pensées; il n'a aucun titre. La copie du Père Guerrier, et toutes les autres d'après elle dérivent de ce manuscrit.

2. Il semble que Pascal ait ici retourné les termes de ce verset, Psalm. XLII, 2 : quare tristis incedo dum afjligit me inimicus.

�� �