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LETTRE D'UN AVOCAT AU PARLEMENT 217

s'agit icy de sçavoir si ces propositions sont dans Janse- nius. Et quelque bruit que fit le Nonce d'abord, de ce qu'on ne prenoit pas des Ecclésiastiques pour connoistre d'une matière ecclésiastique, ils en demeurèrent les juges, parcequ'il n'estoit question que d'examiner des points de fait^ Il m'en donna encore d'autres exemples; mais celuy là suffit pour mettre la chose hors de doute, et pour montrer que si l'on presse le Parlement sur le sujet de la Bulle, nous aurons le plaisir de leur voir examiner régulièrement, et en pleine assemblée des Chambres si ces 5. propositions sont dans le livre de Jansenius : nous sçaurons s'il est vray que ce soit une témérité de ne le pas croire ; et nous verrons le jugement du Pape exposé au jugement du Parlement.

Ainsi je ne puis assez admirer combien ce dessein d'In- quisition a esté mal concerté, pour avoir esté conduit par de si habiles gens. Car ils ne pouvoient choisir de base plus foible et plus ruineuse que cette Bulle, qui n'estant que sur un fait, ne pouvoit jamais estre assez considé- rable pour soutenir une si grande entreprise. Car ne seroit-ce pas une chose honteuse et insupportable, que l'Inquisition qu'on n'a point voulu souffrir en France pour les choses mesmes de la foy, s'introduisist aujourd'huy sur ce point de fait ; et que tout le monde y contribuast volontairement, les Evesques en l'établissant par leur autorité, et le Parlement en les laissant faire ?

Je ne croy pas qu'il soit disposé à cela. Il n'y a point icy de raillerie. Cela les touche eux-mesmes, comme j'ay dit tantost, au moins pour leurs parens et amis, n'y ayant guère de personnes qui puissent estre sans interest dans une affaire générale. Le moins de servitude qu'on peut

I. Cf. le Mémoire cité supra p. igS.

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