Page:Œuvres de Blaise Pascal, VII.djvu/275

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FACTUM POUR LES CURÉS DE PARIS. — INTRODUCTION 261

tez Ecclésiastiques par toutes sortes de voyes ; et pour conser- ver le faux honneur que le monde a establi, par des voyes toutes sanglantes! [p. 286 sq.^ Autres-fois, le fils de Dieu disoit : Bienheureux les pauvres d'esprit ; parce que le royaume du ciel est à eux. Mais aujourd'huy parla subtilité de ces nou- veaux Docteurs, il n'y a plus que des gens d'esprit, qui puis- sent prétendre d'entrer en ce Royaume ; suffisant pour ne pécher pas, si on les veut croire, de bien dresser son inten- tion, et de ne se proposer pas certaines fins mauvaises, que tout homme de bon sens n'a garde d'avoir, quand sans cela, il peut faire en conscience ce qu'il a envie de faire. Outre cette corruption de doctrine, qui se glissera aisément dans tous les esprits, si on n'en arreste le cours, nous avons esté sensiblement touchez de douleur, voiant la facilité malheu- reuse de la pluspart des Confesseurs à donner l'absolution à leurs penitens sous les prétextes pieux de les retirer peu à peu du péché par cette douceur, et de ne les porter pas dans le desespoir, ou dans un entier mépris de la Religion. Car nous ne voulons pas croire qu'il y en ait d'assez méchans pour con- sidérer leur interest particulier, ou celuy de leurs commu- nautez en la conduite de certaines personnes, qui s'approchent souvent du bain de la pénitence, et ne s'y lavent jamais; et qui, au lieu de se fortifier par la fréquente manducation delà chair de Jesus-Christ, en deviennent plus foibles, et parois- sent tousjours autant remplis de l'amour du monde et d'eux mesmes, que s'ils estoient encore assis à la table des idoles. Plusieurs Curez de la ville de Paris, et des autres villes prin- cipales de ce Royaume, par les plaintes qu'ils nous ont faites de ces desordres, avec la permission de Messeigneurs leurs Prélats, et par les conjurations d'y apporter quelque remède ont encore augmenté nostre zèle et redoublé nostre douleur. S'ils se fussent plutost adressez à nostre Assemblée qu'ils n'ont fait, nous eussions examiné avec un soin très-exact toutes les propositions nouvelles des Casuistes, dont ils nous ont donné les extraits, et prononcé un jugement solemnel, qui eust arresté le cours de cette peste des consciences. Mais aiant

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