Page:Œuvres de Blaise Pascal, VII.djvu/305

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tie, et la seule raison naturelle [1]deviendra nostre lumiere en toutes nos actions, et mesme pour discerner quand il [2]sera permis aux particuliers de tuer leur prochain, ce qui est la chose du monde la plus pernicieuse, et dont les conséquences [3]sont les plus terribles. Qu’on me fasse voir, dit-il. 87. etc., que nous ne nous devons pas conduire par la lumiere naturelle, pour discerner quand il est permis ou deffendu de tuer son prochain. Et pour confirmer cette proposition ; Puisque les Monarques se sont servis de la seule raison naturelle pour punir les mal-faicteurs, ainsi la mesme raison naturelle doit servir pour juger si une personne particulière peut tuer celuy qui l’attaque, non seulement en sa vie, mais encore en son honneur, et en son bien. Et pour respondre à ce que la Loy de Dieu le deffend, il dit au nom de tous les Casuistes, Nous croyons avoir raison d’exempter de ce commandement de Dieu ceux qui tuent pour conserver leur honneur, leur réputation et leur bien[4].

Si on considere [5]les consequences de cette maxime, que c’est à la raison naturelle à discerner quand il est permis ou deffendu de tuer son prochain. Et qu’on y adjouste les maximes execrables des Docteurs tres-graves, qui par leur raison naturelle ont jugé qu’il estoit permis de commettre d’estranges parricides

  1. P. [sera].
  2. P. [est] permis.
  3. P. [seroient].
  4. Voir le texte de l’Apologie, supra p. 266 sq.
  5. P. les consequences de, manque.