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Page:Œuvres de Blaise Pascal, VII.djvu/310

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296 ŒUVRES

ble de dire que c'est à la raison ^naturelle de discer- ner quand il est permis ou dépendu de tuer son pro- chain. Si nous n'avons la liberté de parler en cette sorte, sans qu'on voye incontinent paroistre des Li- vres soustenus publiquement par le Corps des Jé- suites, qui nous Hraittent de factieux, d'ignorans et de faux Pasteurs ; Il nous est impossible de gouverner fidellement les Trouppeaux qui nous sont commis.

Il n'y a point de lieu parmy les Infidelles et les Sauvages où il ne soit permis de dire que la calom- nie est un crime, et qu'il n'est pas permis de tuer son prochain pour la seule deflPense de son honneur : Il n'y a que les Heux oii sont les Jésuites, oii l'on ose parler ainsi. Il faut permettre les ^calomnies, les homicides et la profanation des Sacremens, ou s'ex- poser aux effets de leur vengeance. Cependant nous sommes ordonnez de Dieu pour porter ses comman- demens à son Peuple, et nous n'oserons luy obeïr sans ressentir la fureur de ces Casuistes de chair et de sang*. En quel estât sommes nous donc réduits aujourd'huy.^^ Mal-heur sur nous dit l'Escriture^ si nous n'Evangelisons, Et mal-heur sur nous, disent ces hommes, si nous Evangelisons. La colère de Dieu nous menace d'une part, et l'audace de ces hommes de l'autre, ^et nous met dans la nécessité,

��1. P. [humaine].

2. P. [traite].

3. P. les homicides, les calomnies.

4. Ecclesiastic. XIV, 19 : generatio carnis et sanguinis.

5. Paul. I Cor. IX, 16 : Vse enim mihi est, si non evangelizavero.

6. B. [ce qui].

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