Page:Œuvres de Blaise Pascal, VII.djvu/49

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DIX-HUITIÈME PROVINCIALE 35

pas le moindre soupçon d'erreur dans ceux que vous en avez tant accusez : car quand vous leur en impu- tiez de cachées sans les vouloir découvrir, il leur estoit aussi difficile de s'en deffendre, qu'il vous estoit facile de les en accuser de cette sorte : mais maintenant que vous venez de déclarer, que cette erreur qui vous oblige à les combattre, est celle de Calvin que vous pensiez qu'ils soutinssent, il n'y a personne qui ne voye clairement qu'ils sont exempts de toute erreur ; puisqu'ils sont si contraires à la seule que vous leur imposez, et qu'ils protestent par leurs discours, par leurs livres, et par tout ce qu'ils peuvent produire pour témoigner leurs sentimens, qu'ils condamnent cette hérésie de tout leur cœur, et de la mesme manière que font les Thomistes, que vous reconnoissez sans difficulté pour catholiques, et qui n'ont jamais esté suspects de ne le pas estre. Que direz-vous donc maintenant contr'eux, mon Père P Qu'encore qu'ils ne suivent pas le sens de Calvin, ils sont néanmoins hérétiques; parce qu'ils ne veulent pas reconnoistre que le sens de Jansenius est le mesme que celuy de Calvin ? Oseriez-vous dire que ce soit là une matière d'heresie ? Et n'est- ce pas une pure question de fait, qui n'en peut for- mer ? C'en seroit bien une, de dire qu'on n'a pas le pouvoir de résister à la grâce efficace : mais en est- ce une de douter si Jansenius le soutient ? Est-ce une vérité révélée. Est-ce un article de foy, qu'il faille croire sur peine de damnation ? Et n'est-ce pas malgré vous un point de fait, pour lequel il seroit

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