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52 OEUVRES

nostre égard, et non pas la grandeur de son corps en luy-mesme .

Que si l'on vouloit en user autrement ce ne seroit pas rendre l'Escriture vénérable, mais ce seroit au contraire l'exposer au mépris des infidèles : parce, comme dit S. AugustinS que quand ils auroient connu que nous croyons dans l'Escriture des choses qu'ils sçavent ^parfaitement estre fausses, ils se ri- roient de nostre crédulité dans les autres choses qui sont plus cachées, comme la résurrection des morts, et la vie éternelle. Et ainsi, adjoûte S. Thomas ^ ce seroit leur rendre nostre Religion méprisable, et mesme leur enfermer Ventrée.

Et ce seroit aussi, mon Père, le moyen d'en fermer l'entrée aux hérétiques, et de leur rendre l'autorité du Pape méprisable, que de refuser de tenir pour catholiques ceux qui ne croiroient pas que des paroles sont dans un livre oii elles ne se trouvent point, parce qu'un Pape l'auroit déclaré par surprise. Car ce n'est que l'examen d'un livre qui peut faire sçavoir que des paroles y sont. Les choses de fait ne se prouvent que par les sens. Si ce que vous soutenez est véritable, monstrez-le, sinon ne sollicitez personne pour le faire croire : ce seroit inutilement. Toutes les puissances du monde ne peuvent par autorité persuader un point de fait, non

��1. W. de Gen. ad litt. lib. i . c. ig. — Cf. ce texte de S' Augustin, supra p. 20.

2. B. [certainement].

3. W. loco supra citato.

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