Page:Œuvres de Blaise Pascal, VII.djvu/76

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62 OEUVRES

loient l'en soupçonner, il n'y avoit pas de remède. Il se retira là-dessus, luy disant tousjours qu'il falloit l'en avertir, et qu'il y prist garde. M. Perier fut fort soulagé quand il s'en alla ; car il y avoit une vingtaine d'exemplaires de la 7^ ou de la 8« lettre sur son lit, qu'il y avoit mis pour sécher ; mais les rideaux estoient tirez, et heureusement un frère, que le P. Defretat avoit mené avec luy, et qui s'estoit assis près du lit, ne s'en aperçut pas. M. Perier aussitost alla en divertir M. Pascal, qui estoit dans la chambre au-dessus de luy, et que les Jésuites ne croyoient pas estre si proche d'eux.

C. — Relation du Père Guerrier, de VOratoire de Clermont. — Bibliothèque Nationale, ms. fr. iSgiS (3^ Recueil Guerrier), p. 254.

Mademoiselle Perier m'a dit aujourd'huy 27. Février 1732. que M. Pascal son oncle, avoit un laquais trés-fidelle nommé Picard, qui sçavoit que son maistre composoit les Lettres Provinciales. C'etoit lui qui pour l'ordinaire en portoit les manuscrits à M. Fortin, principal du Collège de Harcourt, qui avoit soin de les faire imprimer. On assure qu'elles ont esté imprimées dans le Collège mesme.

Item, elle m'a dit que MM. les Curez de Paris avoient ac- coutumé dans ce tems-là de s'assembler tous les mois, et qu'à l'occasion des Lettres Provinciales et de l'Apologie des Ca- suistes, ils proposèrent de demander la condamnation de la morale relâchée, et de nommer quelqu'un de leur corps pour écrire contre. Personne ne paroissoit fort disposé à se charger de cette commission, mais M. Fortin, principal du Collège de Harcour, homme fort zélé, qui connoissoit particulièrement M. Mazure, Curé de Saint-Paul, luy persuada d'accepter cet emploi, lui promettant de faire composer ses écrits par des personnes très habiles. En effet, M. Fortin s'adressa à MM. Arnauld, Nicole et Pascal, qui sont auteurs des écrits qui ont paru sous le nom de Messieurs les Curez de Paris. Depuis ce tems-là, il fut défendu aux Curez de Paris de s'assembler tous les mois, comme ils avoient accoutumé auparavant.

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