Page:Œuvres de Blaise Pascal, VIII.djvu/348

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332 ŒUVRES

Ce sont donc aussi proprement les seuls que nous vous prions de donner et dont nous avons considéré le succez avec attention. Car, comme ils paroissent si difficiles par la seule enonciation, et que vous, qui les connoissiez à fonds, vous m'aviez dit plusieurs fois que vous en jugiez la difficulté si grande, je creus qu'elle estoit extrême; et quand je les eus un peu considérez en effet, il me sembla, selon le peu de lumière que j'en ay, que le moins qu'on en pouYoit dire estoit qu'il n'avoit esté résolu rien de plus caché dans toute la Géométrie, soit par les Anciens, soit par les Modernes, et je ne fus pas seul dans ce sentiment. Ainsi, lorsque le terme du premier Octobre fut arrivé, nous fusmes bien aises de voir que vous le prolongeastes jusqu'au premier Janvier, parce que nous espérâmes de mieux reconnoistrc, par un plus long espace de temps, si le jugement que nous en faisions estoit véritable. Et le succez confirme bien nostre pensée : car une attente de sept ou huict mois sans Solution en est une marque con- sidérable, en un temps où se trouvent d'aussy grands Géomètres, et en plus grand nombre à la fois qu'on ait jamais veu, et où l'on a résolu les Problèmes les plus difficiles. Car, encore que pour la grandeur du génie au- cun des Anciens n'ayt peut-estre surpassé Archimede, il est certain neantmoins que, pour la difficulté des Problè- mes, ceux d'aujourd'huy surpassent de beaucoup les siens, comme il se voit par la comparaison des Figures toutes uniformes qu'il a considérées à celles que l'on considère maintenant, et sur tout à la Roulette et a ses solides, à l'Escalier, aux Triangles Cylindriques, et aux autres sur- faces et solides dont vous avez découvert les proprietez.

Il n'y a donc jamais eu de temps si propre que celuy- cy à éprouver la difficulté des propositions de Géométrie. Or nous n'avons vu la Solution d'aucune de celles que vous

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