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SIXIÈME ÉCRIT DES CURÉS DE PARIS 59

en parallèle son obstination criminelle à défendre ses erreurs, avec la sainte et divine constance de Jesus-Christ et des Martyrs à souffrir pour la vérité. Car quelle proportion y a-t-il entre deux choses si éloignées? Le Fils de Dieu et ses Martyrs n'ont fait autre chose qu'établir les veritez Evangeliques ; et ont enduré les plus cruels supplices et la mort mesme par la violence de ceux qui ont mieux aimé le men- songe. Et les Jésuites ne travaillent qu'à détruire ces mesmes veritez, et ne souffrent pas la moindre peine pour une opiniastreté si punissable. Il est vray que les peuples commencent à les connoistre : que leurs amis en gémissent : que cela leur en oste quel- ques uns ; et que leur crédit diminue de jour en jour. Mais appellent-ils cela persécution .^^ Et ne le de- vroient-ils pas plutost considérer comme une grâce de Dieu, qui les appelle à quitter tant d'intrigues et tant d'engagemens dans le monde que leur crédit leur procuroit; et à rentrer dans une vie de retraite plus conforme à des Religieux, pour y prattiquer les exercices de la pénitence, dont ils dispensent si fa- cilement les autres.

S'ils estoient chassez de leurs maisons, privez de leurs biens, poursuivis, emprisonnez, persécutez (ce que nous ne souhaittons pas, sçachant que ces ri- gueurs sont éloignées de la douceur de l'Eglise) ils pourroient dire alors qu'ils souffrent, mais non pas comme Chrestiens, selon la parole de S. Pierre^; et

I. I Petr. IV, i4-i6 : Si exprobramini innomine Christibeati eritis...

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