Page:Œuvres de Blaise Pascal, XI.djvu/179

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n’auroit pas ajouté, et constitué sous la grâce, sinon pour rendre son intention plus manifeste et son sens sans équivoque, veu que les Canons sont toujours conceus en des termes très courts et très serrez.

Je vous laisse donc à juger combien ceux là sont destituez de force, qui en cherchent dans ce chapitre du Concile. Et quoy que cecy suffise pour repondre à ce que vous me demandez, j’y joindray pourtant une autre preuve, pour vous satisfaire plus pleinement. Ces parolles : Les Commande mens ne sont pas impossibles aux Justes, estant prises de saint Augustin, qui est cité à la marge du Concile, on ne doit pas penser qu’elles y ayent esté employées dans un sens contraire à celuy de saint Augustin ; car il n’a rapporté[1] ces parolles que pour rapporter son sens, puis qu’autrement ce seroit agir de mauvaise foy.

Or, que saint Augustin ait jamais entendu autre chose par ces parolles, toutes les fois qu’il en a usé, sinon ce que fait le Concile en cet endroit ; il ne faut qu’avoir jette les yeux dans ses ouvrages pour en estre eclaircy. Je croy qu’il ne l’a presque jamais dit sans l’avoir expliqué de la sorte ; C’est-à-dire que les commandemens ne sont pas impossibles à la Charité[2] et qu’ils sont impossibles sans la Charité ; et que la seule raison pour laquelle ils sont donnez, est pour faire connoistre le besoin qu’on a de recevoir de Dieu cette Charité. C’est ainsi qu’il dit : Dieu juste et bon n’a pu commander les choses impossibles ; ce qui nous

  1. G. [ses].
  2. G. et… charité, manque.