Page:Œuvres de Blaise Pascal, XII.djvu/105

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quelquefois et à quelques-uns. Selon Jansénius, le dogme essentiel du vrai christianisme, c’est la nécessité que le mystère de la rédemption se renouvelle en chaque homme et pour chaque action ; dès que la créature est abandonnée à elle-même, elle ne peut manquer d’être entraînée par le poids du corps et du péché ; la chute est fatale si Dieu n’intervient pas. À aucun moment par conséquent, la créature ne peut se fier à elle-même ; « toute charité vient de Dieu », et en nous il y a une source perpétuelle de mal. Le dogme aboutit à la parole de l’Apôtre : le salut s’opère avec crainte et tremblement.

4° L’état de gloire enfin est le couronnement de l’œuvre que la grâce divine a accomplie en l’homme : c’est la félicité dont les élus jouiront après le jugement, non parce qu’il a été juste que leurs mérites fussent récompensés, mais parce qu’à la faveur de la grâce divine ils ont échappé à la punition de leurs péchés. Le petit nombre de ceux que Dieu a réservés à la béatitude est une nouvelle cause de perfection pour les élus : la « masse des perdus », en même temps qu’elle orne le monde, qu’elle exerce et éprouve les fidèles, est pour eux un témoignage perpétuel de la puissance et de la miséricorde de Dieu.

L’Augustinus est pour Pascal le livre de la vraie doc trine ; c’est le foyer autour duquel rayonnent ses lectures « chrétiennes et spirituelles ». Tout d’abord il remonte à la source, à saint Augustin ; il lit non seulement les traductions que publient les Arnauld, mais encore dans le texte même les Lettres, les Sermons, les traités sur la Doctrine chrétienne et l’Utilité de croire, les commentaires de l’Ecriture sainte, les livres contre Pélage. D’autre part, depuis que les disciples de saint Cyran lui ont mis entre les mains le Discours sur la Réformation de l’homme inté-