Page:Œuvres de Blaise Pascal, XII.djvu/214

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avait sans cesse devant les yeux, et il tâchait de s’y avancer et de s’y perfectionner toujours de plus en plus.

C’est l’application continuelle qu’il avait a ces deux grandes maximes qui lui faisait témoigner une si grande patience dans ses maux et dans ses maladies, qui ne l’ont presque jamais laissé sans douleur pendant toute sa vie ; qui lui faisait pratiquer des mortifications très rudes et très sévères envers lui-même ; qui faisait que non seulement il refusait à ses sens tout ce qui pouvait leur être agréable, mais encore qu’il prenait sans peine, sans dégoût, et même avec joie, lorsqu’il le fallait, tout ce qui leur pouvait déplaire, soit pour la nour riture, soit pour les remèdes ; qui le portait à se retrancher tous les jours de plus en plus tout ce qu’il ne jugeait pas lui être absolument nécessaire, soit pour le vêtement, soit pour la nourriture, pour les meubles, et pour toutes les autres choses ; qui lui donnait un amour si grand et si ardent pour la pauvreté, qu’elle lui était toujours présente, et que, lorsqu’il voulait entreprendre quelque chose, la première pensée qui lui venait en l’esprit, était de voir si la pauvreté pouvait être pratiquée, et qui lui faisait avoir en même temps tant de tendresse et tant d’affection pour les pauvres, qu’il ne leur a jamais pu refuser l’aumône, et qu’il en a fait même fort souvent d’assez considérables, quoiqu’il n’en fit que de son nécessaire ; qui faisait qu’il ne pouvait souffrir qu’on cherchât avec soin toutes commodités, et qu’il blâmait tant cette recherche curieuse et cette fantaisie de vouloir exceller en tout, comme de se servir en toutes choses des meilleurs ouvriers, d’avoir toujours du meilleur et du mieux fait, et mille autres choses semblables qu’on fait sans scrupule, parce qu’on ne croit pas qu’il y ait de mal, mais dont il ne jugeait pas de même : et enfin qui lui a fait faire plusieurs actions très remarquables et très chrétiennes, que je ne rapporte pas ici, de peur d’être long, et parce que mon dessein n’est pas de faire une Vie’, mais seulement de donner quelque idée de la piété et de la vertu de M. Pascal à ceux qui ne l’ont


I. Étienne Périer pense à la Vie écrite par sa mère, à laquelle il emprunte la fin de sa Préface, et dont la prudence politique de Port -Roj al retarda longtemps la publication.