Page:Œuvres de Blaise Pascal, XII.djvu/395

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Ce que Montaigne a de bon ne peut être acquis que difficilement. Ce qu’il a de mauvais, j’entends hors les mœurs, peut être corrigé en un moment, si on l’eût averti qu’il faisait trop d’histoires, et qu’il parlait trop de soi 1.

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Il faut se connaître soi-même 2 : quand cela ne


l’application. « La vérité et la raison sont communes à un chascun, et ne sont non plus à qui les a dictes premièrement, qu’à qui les dict aprez : ce n’est non plus selon Platon que selon moy, puisque luy et moy l’entendons et veoyons de mesme » (I, 25). Ailleurs : « Chasque homme porte la forme entière de l’humaine condition. Les aucteurs se communiquent au peuple par quelque marque spéciale etestrangiere ; moy, le premier par mon estre universel ; comme Michel de Mon taigne, non comme grammairien, ou poëte, ou iurisconsulte. Si le monde se plaind dequoy ie parle trop de moy, ie me plainds dequoy il ne pense seulement pas à soy. » (III, 2.)

65 Cf. B., 36 7 ; C, 324 ; P. R-, &, XXXI, 9 ; Bos., I,x, 7 ; Faug., I, aSa ; Hav., VII, 7 ; Mol., I, 22 ; Migh., 760.

1. II, vi. « le m’estale entier… Ce ne sont mes gestes que i’escris ; c’est moy, c’est mon essence » et II, x : « Ce sont icy mes fantasies, par lesquelles ie ne tasche point de donner à cognoistre les choses, mais moy. »

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Cf. B., ai ; C, 4o ; Faug., I, 326 ; Hav., XXV, 60 ; Mot., I, i54 ; Mich., 309.

2. Dès le premier chapitre de sa Théologie naturelle, Raymond Sebon demande à l’homme « qu’il commence à se cognoistre soi-même et sa nature ». Montaigne à son tour écrit : « Ce grand précepte est souvent allégué en Platon : Fay ton faict, et te cognoy. Chacun de ces deux membres enveloppe généralement tout notre debvoir, et semblablement enveloppe son compaignon. Qui auroit à faire son faict, verroit que sa première leçon, c’est cognoistre ce qu’il est, et ce qui luy est propre : et qui se cognoist ne prend plus le faict