Page:Œuvres de Blaise Pascal, XII.djvu/401

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

SECTION II. 73

qu’un(1) trait imperceptible dans(2) l’ample sein de la nature. Nulle idée(3) n’en approche(4). Nous avons beau enfler nos conceptions, au delà des espaces imaginables (5), nous n’enfantons que des atomes, au prix de la réalité des choses(6). C’est une sphère(7) infinie dont le centre est partout, la circonférence nulle part(8). Enfin c’est le plus grand(9) caractère sensible de la toute-puissance de Dieu que notre imagination se perde dans cette pensée.

(10) Que l’homme(11), étant revenu(12) à soi, considère


1. [Point [atome.]

2. [Le vaste [l’immense [l’amplitude.]

3. [Ni.]

4. [Nous n’imaginons.]

5. Au delà des espaces imaginables, surcharge.

6. [Cette vastitude infinie…],

7. [Étonnante.]

8. Havet a fait l’histoire de cette célèbre comparaison, il l’a retrouvée dans des recueils du moyen âge où elle est attribuée à Empédocle, et quelquefois aussi à Hermès Trismégiste. En tout cas Pascal avait lu la Préface de Mlle de Gournay aux Essais de Montaigne : « Trismégiste, y est-il dit, appelle la Déité cercle dont le centre est partout, la circonférence nulle part. » Cf. Giordano Bruno : « L’univers n’est que centre, ou plutôt son centre est partout. Sa circonférence n’est nulle part. » De la Causa, Principio et Uno (4e dialogue) apud Bartholmess, Jordano Bruno, t. II, p. 145. — Dans l’ouvrage de M. Couturat sur l' Infini mathématique, 1896 (p. 299), se trouve un rapprochement fort intéressant entre la formule de Pascal et les notions infinitistes de la géométrie projective : « Le centre du plan est partout, car l’origine est un point quelconque pris à volonté dans le fini du plan ; la circonférence du plan n’est nulle part, car si on l’imagine dans le fini, on suppose le plan limité, ce qui est contraire à son idée ; et si on la conçoit rejetée à l’infini, ce n’est plus une circonférence ; c’est une droite ou un point. »

9. [Des.]

10. [Mais pour nous.] — À la page 348 du manuscrit.

11. Le mouvement de ce fragment se retrouve dans la Sainte Philo sophie de du Vair : « Que l’homme s’arrête un peu à soi-même… » Mnis l’inspiration de du Vair est toute rationaliste et tout optimiste.

12. [Dans cette.]

PENSÉES DE PASCAL. I — 25