Page:Œuvres de Blaise Pascal, XII.djvu/408

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Quand on est instruit, on comprend que * la na ture ayant gravé son image et celle de son auteur dans toutes choses, elles tiennent presque toutes de sa double infinité. C’est ainsi que nous voyons que toutes les sciences sont infinies en l’étendue de leurs recherches ; car qui doute que la géométrie, par exemple, a une infinité d’infinités de propositions à exposer ? Elles sont aussi 2 infinies dans la multitude et la délicatesse de leurs principes ; car qui ne voit que ceux qu’on propose pour les derniers ne se soutiennent pas d’eux-mêmes, et qu’ils sont appuyés sur d’autres qui, en ayant d’autres pour appui, ne souffrent jamais de dernier ? Mais 3 nous faisons des derniers qui paraissent à la raison comme on fait dans les choses matérielles, où nous appelons un point indivisible celui au delà duquel nos sens n’aper çoivent plus rien, quoique divisible infiniment et par sa nature 4.


lilée de l’infiniment petit (1687). » (Michelet, l'Insecte y vin, cité par Havet.) La pensée de Pascal devance la découverte de Swam merdam, dont il est inutile de dire la fécondité après les travaux de Pasteur.

i. [Toutes les.]

2. [Étendues.]

3. [Comme nous appelons dans la physique] nous [ne] faisons [que] des derniers qui [nous.]

4. Pascal avait justifié cette conception dans ses Réflexions sur l’Esprit géométrique : « Qu’y a-t-il de plus absurde que de prétendre qu’en divisant toujours un espace, on arrive enfin à une division telle qu’en la divisant en deux, chacune des moitiés reste indivisible et sans aucune étendue, et qu’ainsi ces deux néants d’étendue fissent ensemble une étendue ? Car je voudrais demander à ceux qui ont cette idée, s’ils conçoivent nettement que deux indivisibles se touchent : si c’est partout, ils ne sont qu’une même chose, et partant les deux ensemble