Page:Œuvres de Blaise Pascal, XII.djvu/67

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

les indications que l’on peut rassembler sur les dates où furent écrits les fragments de Pascal, demeurent beau coup trop vagues et trop approximatives pour offrir un point d’appui à l’éditeur. Le problème de la publication demeure intact ; nous devons l’aborder directement et pour notre compte.

Or la description du manuscrit nous semble décisive pour écarter les deux solutions extrêmes : l’une, la plus simple, qui serait de le reproduire tel quel ; l’autre, la plus séduisante, qui serait de le présenter, comme s’ex prime l’un des derniers éditeurs, « selon l’ordre voulu par l’auteur ». — Certes nous n’avons aucune objection contre l’entreprise dont M. Michaut s’est acquitté avec une si admirable conscience ; nous espérons bien que nous pourrons compléter son travail — et le nôtre — en publiant le fac-simile photographique du manuscrit n° 9302. Mais même après la photographie l’édition reste à faire ; le « beau désordre » où un relieur malencontreux a mis les papiers de Pascal a son charme pour les familiers, il est utile à ceux qui veulent se faire leur édition à eux-mêmes. Mais à généraliser le procédé nous risquerions de rendre les Pensées inintelligibles et inaccessibles à neuf lecteurs sur dix ; nous ferions taire la voix de celui qui a dit : Le silence est la plus grande persécution.

Sur l’autre solution, sur la restitution du plan de l’Apologie, est-il besoin d’insister encore ? Il suffit de rappeler ici les difficultés essentielles, qui à notre sens ne peuvent être surmontées. Tout d’abord, il y a dans le manuscrit des fragments qui en toute vraisemblance n’ont pas été écrits pour l’Apologie. Comment faire le départ ? Voici les Pensées sur l’Éloquence et le style, il est fort possible que Pascal les ait notées pour lui-même, qu’il y ait fixé le souvenir de conversations qu’il avait eues avec Méré, ou