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TROISIÈME PARTIE
I

Dans l’élan de son admiration pour Pascal, un des approbateurs de l’édition de 1670 se laisse entraîner à dire : « Tant s’en faut que nous devions regretter qu’il n’ait pas achevé son ouvrage que nous devons remercier au contraire la Providence divine, de ce qu’elle l’a permis ainsi. Comme tout y est pressé, il en sort tant de lumières de toutes parts qu’elles font voir â fond les plus hautes vérités en elles-mêmes, qui peut-être auraient été obscurcies par un plus long embarras de paroles. » Il faut reconnaître que cette louange fut médiocrement accueillie par les amis de Pascal ; ils la jugèrent « assez extraordinaire[1] » ; au témoignage de Le Nain de Tillemont, ils se mettaient presque en colère contre M. de Ribeyran : « ceux qui ont un amour particulier pour la doctrine de la grâce » n’attendaient-ils pas de cet ouvrage « la ruine du Pélégianisme et de toutes ses branches » ? comment ne pas s’affliger de voir à jamais épars en mille tronçons le glaive qui devait restaurer le Christ dans son Église, le Pugio Fidei adversus Jesuitas ? Nos contemporains com prennent le sentiment de Le Nain de Tillemont ; pourtant ils ne le partagent pas ; ils acceptent la « consolation bien

  1. Recueil d’Utrecht, 1740, p. 594. Vide infra, p. clx et p. ccl.