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Page:Œuvres de Blaise Pascal, XII.djvu/91

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pour notre profit, que, dès lors, elle ne peut hésiter à trancher le problème de la vie éternelle dans le sens où se rencontre l’espoir de la béatitude infinie. Et Pascal développant, peut-être à la suggestion de Raymond Sebon, l’argument du pari, y verra non plus une propriété seule ment, mais la limite même de notre pouvoir intellectuel. Assurément l’ouvrage de Pascal n’aurait guère ressemblé à la Théologie naturelle de Raymond Sebon ; quelque chose cependant en eût reparu transformé et transposé, tant l’esprit de Pascal était ouvert à toutes les influences et capable de les dominer pour les faire converger au but qu’il s’était fixé.

Comme Raymond Sebon, et plus que lui encore, Charron s’inspire de saint Augustin. Pascal connaissait l’ouvrage anonyme où Saint-Cyran l’avait défendu contre le Père Garasse, et il avait lu dans les Discours chrétiens le chapitre sur la Prédestination qui forme comme un manuel anticipé de jansénisme. Pascal était ainsi préparé à trouver dans Charron non seulement un précurseur, mais un guide. De fait, en lisant Charron, il pouvait dire que son œuvre à lui y était déjà tout entière — et que tout entière elle restait à faire. Elle était faite tout entière. Dans ses Discours chrétiens, en particulier dans son Discours sur la Rédemption, Charron avait marqué, en traits que Pascal n’oubliera pas, la personne et l’œuvre du Rédempteur ; il avait du coup atteint l’essence et le cœur de la religion chrétienne. — De là il est fondé à faire œuvre d’apologiste et de polémiste, en démontrant ces Trois Vérités : « la première qu’il y a religion recevable de tous et d’un chacun — contre tous athées et irreligieux ; la seconde qui est l’excellence de la religion chrétienne par dessus les autres — contre tous mécréants, gentils, juifs, mahométans ; la troisième qui est l’autorité de l’Église