Page:Œuvres de C. Tillier - I.djvu/111

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— Oui, foi d’huissier.

— Alors, va percer ton quartaut ; mais je te préviens que, s’il nous arrive malencontre en route, c’est toi qui en répondras à ma chère sœur.

Une heure après, mon oncle et mon grand-père étaient sur le chemin de Moulot. À quelque distance de la ville, ils rencontrèrent deux petits paysans dont l’un portait un lapin sous son bras et l’autre avait deux poules dans son panier. Le premier disait à son compagnon :

— Si tu veux dire à M. Cliquet que mon lapin est un lapin de garenne et que tu me l’as vu prendre au lacet, tu seras mon camarade.

— Je le veux bien, répondit celui-ci, mais à condition que tu diras à Madame Deby que mes poules pondent deux fois par jour et qu’elles font des œufs gros comme des œufs de cane.

— Vous êtes deux petits larrons, dit mon grand-père ; je vous ferai tirer l’un de ces jours les oreilles par M. le commissaire de police.

— Et moi, mes amis, dit Benjamin, je vous prie d’accepter chacun cette pièce de douze deniers.

— Voilà de la générosité bien placée, dit mon grand-père haussant les épaules ; tu donneras sans doute du plat de ton épée au premier pauvre honnête que tu rencontreras, puisque tu prostitues ta monnaie à ces deux vauriens.

— Vauriens pour toi, Machecourt, qui ne vois que la pellicule de chaque chose ; mais, pour moi, ce sont deux philosophes. Ils viennent d’inventer une machine qui, bien organisée, ferait la fortune de dix honnêtes gens.

— Et quelle est donc la machine, dit mon grand-père d’un air d’incrédulité, que viennent d’inventer ces deux philosophes que