Page:Œuvres de C. Tillier - I.djvu/141

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étouffait de rire sous ses draps. Il ne put s’empêcher de dire à mon oncle :

— Eh bien ! comment trouves-tu cette botte-là ? Cette fois tu avais bien le fourreau et la lame ; tu ne peux pas dire que les armes n’étaient pas égales.

— Hélas ! non, Machecourt, elles ne l’étaient pas ; il aurait fallu pour cela que j’eusse la pelle. C’est égal, ta femme, car je ne puis plus dire ma chère sœur, mérite de porter, au lieu d’une quenouille, une paire de pincettes au côté. Avec une paire de pincettes, elle gagnerait des batailles. Je suis vaincu, j’en conviens, et je dois subir la loi du vainqueur. Eh bien ! non, nous ne sommes pas allés jusqu’à Corvol ; nous nous sommes arrêtés chez Manette.

— Toujours chez Manette, une femme mariée ! tu n’as pas honte, Benjamin, d’une telle conduite ?

— Honte ! et pourquoi, chère sœur ? Du moment qu’une cabaretière est mariée, est-ce qu’on ne peut plus déjeuner chez elle ? Ce n’est pas là ma manière de voir, moi ; pour un vrai philosophe, un bouchon n’a pas de sexe. N’est-ce pas, Machecourt ?

— Que je la rencontre au marché, ta Manette, je la traiterai, la péronelle qu’elle est, comme elle le mérite !

— Chère sœur, quand vous rencontrerez Manette au marché, achetez-lui des fromages à la crème tant que vous voudrez, mais si vous l’insultez…