Aller au contenu

Page:Œuvres de C. Tillier - I.djvu/153

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Dieu ; c’est probablement qu’il n’avait que cela de monnaie dans sa poche.

— Je voudrais bien savoir, dit le vieux tailleur de l’endroit, comment on a fait pour vous prendre mesure de votre habit, qui vous va pourtant comme un gant, puisque vous n’êtes jamais en repos.

— Vous auriez dû vous apercevoir, vous qui êtes du métier, respectable pique Prune, que cet habit n’est pas fabriqué de la main des hommes ; tous les ans, au premier avril, il me pousse sur le dos un léger habit de serge rouge, et à la Toussaint un habit épais de velours écarlate.

— Alors, dit un gamin, dont la figure espiègle était inondée de tresses blondes, il faut que vous usiez considérablement ; il n’y a pas quinze jours que la Toussaint est passée, et votre habit est déjà tout râpé et tout blanc sur les coutures.

Malheureusement le père du petit philosophe se trouvait tout à côté de lui. « Va-t-en voir à la maison si j’y suis », lui dit-il en lui donnant un coup de pied au derrière ; et il pria mon oncle d’excuser l’impertinence de ce petit garçon auquel son maître d’école négligeait d’apprendre sa religion.

— Messieurs, s’écria le maître d’école, je vous prends tous à témoins et M. le Juif-Errant aussi, que Nicolas porte atteinte à ma réputation ; il attaque continuellement les autorités du village, je m’en vais le prendre par sa langue.

— Oui ! dit Nicolas, en voilà une belle autorité ; attaque-moi quand tu voudras ; je ne serai pas embarrassé pour prouver que j’ai dit vrai ; M. le bailli interrogera Charlot. L’autre jour, je lui ai demandé quel était le fils le plus remarquable de Jacob, et il m’a répondu que c’était Pharaon ; la mère Pintot en est témoin.

— Eh ! messieurs, dit mon oncle, ne vous fâchez pas à cause de moi ; je serais désolé que mon arrivée dans ce beau village fût entre