Page:Œuvres de C. Tillier - I.djvu/170

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— Eh bien ! comment va ta mère, lui dit le docteur.

— Beaucoup mieux, monsieur Minxit ; mais elle ne peut reprendre ses forces, et je venais vous demander ce qu’elle doit faire.

— Tu me demandes ce qu’il faut lui faire, et je parie que vous n’avez pas le sou pour acheter des remèdes !

— Hélas ! non, mon bon monsieur Minxit, car mon père n’a plus d’ouvrage depuis huit jours.

— Alors pourquoi diable ta mère s’avise-t-elle d’être malade ?

— Soyez tranquille, monsieur Minxit, aussitôt que mon père travaillera vous serez payé de vos visites ; il m’a bien chargée de vous le dire.

— Bon ! voilà encore une autre sottise ! il est donc fou ton père de vouloir me payer mes visites quand il n’a pas de pain !… Pour qui me prend-il donc, ton imbécile de père ?… Tu iras ce soir, avec ton âne, chercher un sac de mouture à mon moulin, et tu vas emporter un panier de vin vieux avec un quartier de mouton ; voilà, pour le moment, ce qu’il faut à ta mère. Si d’ici à deux ou trois jours ses forces ne reviennent point, tu me le feras dire. Va, mon enfant.

— Eh bien ! dit M. Minxit à Benjamin, comment trouves-tu la médecine des urines ?

— Vous êtes un brave et digne homme, monsieur Minxit ; voilà ce qui vous excuse ; mais, diable ! vous ne me ferez toujours pas traiter une chute de perron autrement que par la saignée.

— Alors, tu n’es qu’un conscrit en médecine ; tu ne sais donc pas qu’il faut des drogues aux paysans, sinon ils croient que vous les négligez ?

» Eh bien donc, tu ne consulteras pas les urines ; mais c’est dommage, tu aurais fait un joli sujet.