Page:Œuvres de C. Tillier - I.djvu/174

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abondamment pourvue, et qui promettent à l’heureux mortel qui sera son époux des jours filés d’or et de soie. » Puis, comme pour apaiser le remords qu’il éprouvait de ce triste compliment, le seul qu’il eût encore dépensé avec Mlle Minxit et que sa sœur l’avait obligé de commettre, il se mit à dévorer avec acharnement une aile de poulet et vida d’un trait un grand verre de vin de Bourgogne.

Il y avait là trois médecins, on devait parler médecine et l’on en parla.

— Vous disiez tout à l’heure, monsieur Minxit, dit Fata, que votre gendre était le premier médecin du bailliage. Je ne proteste pas pour moi… quoiqu’on ait fait certaines cures… mais que pensez-vous du docteur Arnout, de Clamecy ?

— Demandez cela à Benjamin, dit M. Minxit, il le connaît mieux que moi.

— Oh ! monsieur Minxit, répondit mon oncle, un concurrent !…

— Qu’est-ce que cela fait ? Est-ce que tu as besoin de rabaisser tes concurrents, toi ? Dis-nous ce que tu en penses pour obliger Fata.

— Puisque vous le voulez, je pense que le docteur Arnout a une superbe perruque.

— Et pourquoi, dit Fata, un médecin à perruque ne vaudrait-il pas un médecin à queue ?

— La question est d’autant plus délicate que vous avez vous-même une perruque, monsieur Fata ; mais je vais tâcher de m’expliquer sans blesser l’amour-propre de qui que ce soit.

Voilà un médecin qui a des connaissances plein la tête, qui a fouillé tous les bouquins écrits sur la médecine, qui sait de quels