Page:Œuvres de C. Tillier - I.djvu/233

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XII

Comment mon oncle appendit M. Susurrans à un crochet de sa cuisine

Voyez comme les fleurs sont merveilleusement fécondes ; elles jettent autour d’elles leurs graines comme une pluie ; elles les abandonnent au vent comme une poussière ; elles les envoient, ainsi que ces aumônes qui montent jusqu’aux noirs galetas, sur la cime des rocs désolés, entre les vieilles pierres des murailles fêlées, au milieu des ruines qui tombent et pendent, sans s’inquiéter si elles trouveront une pincée de terre qui les féconde, une goutte de pluie que suce leur racine, et après un rayon pour les faire croître, un autre rayon pour les peindre. Les brises du printemps qui s’en va emportent les derniers parfums de la prairie ; voilà la terre toute jonchée de feuilles qui se fanent ; mais quand les brises d’automne passeront, secouant sur la campagne leurs ailes humides, une autre génération de fleurs aura revêtu la terre d’une robe neuve, leur faible parfum sera le dernier souffle de l’année qui se meurt et qui en mourant nous sourit encore.