Page:Œuvres de C. Tillier - I.djvu/238

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Parce que vous étiez gris vous-même, et que vous m’avez menacé de me battre du plat de votre épée si je ne me grisais pas.

— J’ai eu tort, dit Benjamin ; mais c’est égal, tu ne risques rien de venir avec moi, je n’en ai que pour un moment ; nous serons revenus avant le catéchisme.

— Comptez là-dessus, répondit Gaspard ; où un autre n’en aurait que pour une heure, vous en avez, vous, pour une demi-journée. Vous vous arrêtez à tous les bouchons ; et M. le curé m’a défendu d’aller avec vous, parce que vous me donnez de mauvais exemples.

— Eh bien ! pieux Gaspard, si vous refusez de venir avec moi, je ne vous inviterai pas à ma noce ; si, au contraire, vous m’accordez cette faveur, je vous donnerai une pièce de douze sous.

— Donnez-la-moi tout de suite, dit Gaspard.

— Et pourquoi la veux-tu de suite, polisson ? est-ce que tu te défies de ma parole ?

— Non, mais c’est que je ne me soucie pas d’être votre créancier. J’ai entendu dire dans la ville que vous ne payez personne et qu’on ne peut pas vous faire saisir parce que votre mobilier ne vaut pas trente sous.

— Bien parlé, Gaspard, dit mon oncle ; tiens, voilà quinze sous, et va prévenir ma chère sœur que je t’emmène.

Ma grand’mère s’avança jusque sur le seuil de la porte pour recommander à Gaspard d’avoir bien soin de son habit, car, disait-elle, il fallait qu’il lui servît pour la noce de son oncle.

— Vous moquez-vous ? dit Benjamin ; est-il besoin de recommander sa bannière à un enfant de chœur français ?

— Mon oncle, dit Gaspard, avant de nous mettre en route, je