Page:Œuvres de C. Tillier - I.djvu/247

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toujours aux dépens des autres, et je ne veux pas prendre part aux flibusteries.

— Il faut pourtant, dit mon oncle, que vous y preniez part ce soir, sinon je dis partout où je vous ai accroché.

— Et où l’as-tu donc accroché ? fit Page.

— Imagine, dit Benjamin…

— Monsieur Rathery !… s’écria Susurrans mettant un doigt sur sa bouche…

— Eh bien ! consentez-vous à venir avec nous ?

— Mais, monsieur Rathery, considérez que ma femme m’attend ; on me croira mort, assassiné, on me cherchera sur la route du Val-des-Rosiers.

— Tant mieux, on trouvera peut-être votre tricorne.

— Monsieur Rathery, mon bon monsieur Rathery ! fit Susurrans joignant les mains.

— Allons donc, dit mon oncle, ne faites donc pas l’enfant ! vous me devez une réparation, et moi je vous dois un dîner ; d’un seul coup nous nous acquittons ensemble.

— Souffrez au moins que j’aille prévenir ma femme.

— Non pas, dit Benjamin en se plaçant entre lui et Page ; je connais Mme Susurrans pour l’avoir vue à son comptoir. Elle vous enfermerait chez vous à double tour, et je ne veux pas que vous nous échappiez ; je ne vous donnerais pas pour dix pistoles.

— Et mon toulon, dit Susurrans, qu’en vais-je faire à présent que je suis clerc de procureur ?

— C’est vrai, dit Benjamin, vous ne pouvez vous présenter à notre client avec un toulon.