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Page:Œuvres de C. Tillier - I.djvu/319

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XIX

Comment mon oncle désarma trois fois M. de Pont-Cassé.

L’aurore, une aurore terne et grimaçante de février, jetait à peine des teintes plombées sur les murs de sa chambre, que mon oncle était déjà debout. Il s’habilla à tâtons et descendit l’escalier en assourdissant ses pas, car il craignait surtout de réveiller sa sœur. Mais, comme il allait franchir le palier, il sentit une main de femme se poser sur son épaule.

— Eh quoi ! chère sœur, s’écria-t-il avec une sorte d’effroi, vous êtes déjà éveillée ?

— Dis que je ne suis pas encore endormie, Benjamin. Avant que tu ne partes, j’ai voulu te dire adieu, peut-être un adieu suprême, Benjamin. Conçois-tu que je souffre quand je songe que tu sors d’ici plein de vie, de jeunesse et d’espérance, et que tu y rentreras peut-être porté sur les bras de tes amis, et le corps traversé d’une épée ? Ton dessein est-il donc arrêté ? Avant de le prendre, as-tu pensé au deuil que ta mort allait jeter dans cette