XXI
Un dernier festin.
Monsieur Minxit avait une de ces constitutions antédiluviennes qui semblent faites d’une matière plus solide que les nôtres. C’était une de ces plantes vivaces qui conservent encore une végétation vigoureuse, alors que les autres sont flétries par l’hiver. Les rides n’avaient pu entamer ce front de granit ; les années s’étaient accumulées sur sa tête sans y laisser aucune trace de décadence. Il était resté jeune jusqu’au delà de sa soixantième année, et son hiver, comme celui des tropiques, était encore plein de sève et de fleurs ; mais le temps et le malheur n’oublient personne.
La mort de sa fille venant après sa fuite et après la révélation de sa grossesse, avait frappé d’un coup mortel cette organisation puissante ; une fièvre lente le minait sourdement. Il avait renoncé à ses goûts