Page:Œuvres de C. Tillier - I.djvu/37

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un mulet ; tu auras des châteaux partout, des bois sur toutes les montagnes, des vignes sur tous les coteaux, des champs dans toutes les plaines ; tu auras des chevaux de toutes les couleurs, de toutes les qualités, de toutes les races ; tu auras des femmes de toute façon : tu en auras des brunes, des blondes, des rouges, des blanches, des roses, des noires, des cuivrées ; tu en auras qui dansent comme une fée ; tu en auras qui chantent comme une lyre ; tu en auras qui parlent comme une tribune ; tu en auras qui font des actes, des élégies, des mémoires à consulter, des préfaces, et tu en auras qui brodent des pantoufles ; tu en auras à longues queues, qui s’enveloppent d’un voile comme une viande qu’on veut préserver des mouches, qui vont majestueusement dans le velours et dans la soie, et tu en auras qui s’en vont tout épanouies au soleil et qui se trémoussent gaîment et gentiment dans le stoff et la mousseline-laine. Si donc le diable me disait cela, je ferais comme, en pareille occasion, a fait Jésus : je l’enverrais se… promener. Si, d’autre part, M. Dupin, qui n’est pas le diable, me disait, un jour d’élections : Donne-moi ta voix, et tu auras des écharpes de maire, des banderolles de garde, des robes de juge de paix, des toques de président, des bérets de ministère public, des collets brodés de sous-préfet, des ponts, des routes départementales, des jubés d’église, des croix d’honneur plus que tu n’en voudras, des statues de saints, des cloches, des bouquins bien reliés et même un exemplaire de mes œuvres, je lui répondrais comme au diable : Roi de Clamecy, je vous remercie. Mais s’il me disait, lui qui a si ingénieusement découvert Jean Rouvet, l’inventeur du flottage : Donne-moi ta voix, et je dirai au ministre que tu as inventé l’Yonne, puis je te ferai fondre en bronze, par souscription, un buste de grand homme que nous placerons face à face avec celui de Jean Rouvet, je lui ré-