Page:Œuvres de C. Tillier - I.djvu/53

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bout, et, pour les quelques jours qu’il a à rester sur la terre, ne se donne pas la peine de se bâtir un nid. J’engage mes enfants à faire comme moi ; je leur lègue mon exemple : c’est la meilleure des richesses, et pour celle-là, du moins, ils ne paieront pas de frais de succession. Je prie rarement Dieu, et voici pourquoi : parce que Dieu sait mieux que moi ce qu’il doit faire ; parce que je crains de lui demander des choses qui ne me soient pas bonnes ; parce que, sans que nous le lui demandions, tous les matins il fait lever son soleil, et tous les ans il couvre la terre d’herbes, de fruits et de moissons ; enfin parce que Dieu, du moment qu’il nous a créés, est obligé de pourvoir à nos besoins, et qu’il ne peut ressembler à ces mauvais pères qui, ayant fait un enfant, vont l’abandonner à la porte d’un hospice. Je ne l’adore pas non plus, parce qu’il n’a pas besoin qu’on l’adore ; parce que l’homme ne peut rien pour sa satisfaction, parce que, d’ailleurs, ces hommages que la foule lui adresse, ce sont les adulations de créatures intéressées, qui veulent aller en paradis ; mais quand j’ai un sou qui ne me sert pas, je le donne à un pauvre.

« J’ai dit ce que j’étais ; que ceux qui m’appellent impie racontent sincèrement ce qu’ils sont, et on verra qu’ils ont moins de religion que moi ! »

Quelle vertu ! Est-ce que cette austérité, cette intégrité toute antique, ne brille, n’éclate pas là d’elle-même, comme un morceau d’or pur ? N’est-on pas sûr tout d’abord de son titre et de sa valeur ? Faut-il ensuite invoquer le biographe qui a écrit cette noble vie, pour savoir de plus que Claude avait coutume de se faire caution, de répondre, de payer même pour ses amis ? Faut-il invoquer encore la parole véridique