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Page:Œuvres de C. Tillier - III.djvu/15

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VII
LETTRE DE TIMON À C. TILLIER.

Chambres légifèrent. S’il l’est, sa souveraineté repose par égales fractions sur la tête de chaque Français. C’est parce que tous ne peuvent pas effectivement, ni chacun divisément gouverner, qu’il y a délégation forcée du gouvernement. Au contraire, c’est parce que chacun peut élire, qu’il doit élire et élire directement.

Si chacun ne pouvait ni participer au gouvernement par la délégation, ni faire cette délégation par l’élection, il ne serait pas membre du souverain, il ne serait pas Français. S’il ne pouvait pas élire directement, il ne serait pas non plus membre égal du souverain.

S’il ne pouvait pas être éligible aussi bien qu’électeur, le mandataire, qui ne provient que du mandat, aurait plus de droit que le mandant, et la délégation de la souveraineté que la souveraineté elle-même.

Enfin, si la faculté d’élire n’était pas un acte d’intelligence et de capacité personnelle, on ne l’accorderait pas seulement aux Français et aux citoyens, on l’accorderait aussi aux mineurs, aux étrangers, aux infâmes ; on voterait par procuration, on quintuplerait, on décuplerait le vote dans la main des gros censitaires ; ainsi, la force des conséquences amène, malgré eux, nos adversaires eux-mêmes à la vérité de notre principe.

Les corollaires rationnels de la souveraineté du peuple sont : l’universalité du suffrage, le vote direct, l’éligibilité de tous, la représentation par fraction de population et non de territoire.

Et, pour dernière conséquence, l’amélioration immense de la condition morale, intellectuelle et matérielle du peuple. Tel est le droit, et vous l’avez défendu, Monsieur, avec autant de bon sens que de vigueur et de finesse. Ne dites donc pas que vous n’êtes qu’un maître d’école de village, et que vous