Page:Œuvres de Catulle, Tibulle et Properce, trad de Guerle, Valatour et Guenouille, 1860.djvu/151

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le vouloir, qu'il le taise, et prenne tous les dieux à témoin qu'il n'en a aucun souvenir. Car l'indiscret, quel qu'il soit, apprendra que Vénus est née de sang mêlé aux ondes de la mer en fureur.

D'ailleurs ton époux refusera de l'en croire, ainsi me l'a promis une sorcière des plus véridiques, après avoir mis en oeuvre les secrets de la magie. Je l'ai vue faire descendre les astres des cieux ; ses enchantements arrêtent le fleuve le plus rapide dans son cours ; à sa voix le sol s'entr'ouvre, les mânes sortent des sépulcres, les ossements descendent du bûcher encore tiède. Par un sifflement magique elle évoque les cohortes infernales, et avec une aspersion de lait elle les met en fuite. Elle parle, et les nuages qui attristaient le ciel se dissipent ; elle parle, et en été la neige tombe. Seule, dit-on, elle possède les herbes malfaisantes de Médée ; seule elle sait dompter les chiens farouches d'Hécate. Elle a composé pour moi des chants à l'aide desquels tu pourras tromper : tu n'auras qu'à chanter trois fois et cracher ensuite trois fois ; il ne pourra rien croire de ce qu'on lui dirait de nous, il n'en croirait même pas ses yeux, s'il me trouvait dans ta couche voluptueuse. Mais refuse tes faveurs à d'autres : il verra tout le reste ; je serai le seul avec lequel il ne s'apercevra de rien. Que dois-je en croire ? elle m'a dit encore que ses charmes et ses herbes avaient assez de vertu pour éteindre mes feux ;