Page:Œuvres de Catulle, Tibulle et Properce, trad de Guerle, Valatour et Guenouille, 1860.djvu/154

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je t'en prie, mort cruelle, épargne-moi. Je n'ai ici ni une mère qui recueille dans sa robe de deuil mes ossements brûlés, ni une soeur qui verse sur ma cendre les parfums de l'Assyrie et pleure les cheveux épars sur mon tombeau. Délie est loin de moi ; avant de me laisser partir de Rome, elle avait, dit-on, consulté tous les dieux. Trois fois elle fit tirer les sorts par un enfant du carrefour, et l'enfant ramena constamment les mêmes présages. Tous annonçaient mon retour : rien ne put cependant arrêter ses larmes, ni calmer les craintes que lui inspirait mon départ. Moi-même qui voulais la consoler, j'avais déjà donné mes ordres, et je cherchais sans cesse avec inquiétude de nouveaux prétextes de retard. Tantôt c'était le vol des oiseaux, tantôt de sinistres présages, tantôt enfin la fête de Saturne qui me retenait ; et, durant la route, combien de fois j'ai frémi en me rappelant que j'avais heurté du pied contre la porte ! Que nul ne soit assez hardi pour se mettre en voyage malgré l'Amour, ou du moins qu'il sache qu'il est parti contre la volonté du dieu.

Délie, à quoi me sert maintenant ton Isis ? à quoi me sert que tant de fois le sistre ait été frappé de ta main ? tandis que tu offrais tes pieux sacrifices, tu te plongeais dans une onde pure, il m'en souvient, et tu reposais dans une couche