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Page:Œuvres de Catulle, Tibulle et Properce, trad de Guerle, Valatour et Guenouille, 1860.djvu/166

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Barbare enfant, qu'ai-je de commun avec toi ? quelle gloire pour un dieu de dresser des embûches à un mortel ? Déjà l'on me tend des pièges ; déjà la rusée Délie réchauffe en secret je ne sais quel rival dans le silence de la nuit. Elle proteste, il est vrai, de son innocence ; mais j'ai peine à la croire : elle nie avec la même assurance nos amours à son époux. C'est moi qui, pour mon propre malheur, lui ai enseigné l'art de tromper ses gardiens. Hélas ! je suis aujourd'hui victime de mes propres leçons. Je lui appris à inventer des prétextes pour coucher seule ; à faire tourner une porte sans bruit sur ses gonds. Je lui donnai des sucs et des herbes pour effacer la trace bleuâtre que deux amants impriment avec la dent l'un sur l'autre. Mais toi, imprévoyant époux d'une artificieuse beauté, aies les yeux ouverts sur moi-même pour empêcher toute infidélité de sa part. Prends garde qu'elle n'ait avec les jeunes gens de longs entretiens ; qu'elle ne s'étende mollement avec une robe négligemment attachée qui laisse son sein découvert ; qu'elle ne fasse des signes pour te tromper, et que, tirant la liqueur avec son doigt, elle ne trace des caractères sur la table arrondie. Crains toutes les fois qu'elle sortira, assurât-elle qu'elle se rend aux mystères de la Bonne-Déesse, dont l'accès est interdit aux hommes. Si tu veux te fier à moi, seul je la suivrai au pied des autels : alors je