Page:Œuvres de Chapelle et de Bachaumont.djvu/202

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me résoudre à la retraite que lorsque le soleil fera la sienne. Toutes les beautés de la campagne ne vont faire que croître et embellir, surtout celles du vert, qui nous donnera des feuilles au premier jour et que nous commençons à trouver à redire depuis que le chaud se fait sentir. Ce ne sera pas néanmoins encore sitôt, et pour ce voyage il faudra se contenter de celui qui tapisse la terre, et qui, pour vous le dire un peu plus noblement,

Jeune et foible, rampe par bas
Dans le fond des prés, et n’a pas
Encor la vigueur et la force
De penétrer la tendre écorce
Du saule qui lui tend les bras.
La branche, amoureuse et fleurie,
Pleurant pour ses naissants appas,
Toute en sève et larmes, l’en prie,
Et, jalouse de la prairie,
Dans cinq ou six jours se promet
De l’attirer à son sommet.

Vous montrerez ces beaux vers à mademoiselle Menou seulement; aussi bien sont-ils la figure d’elle et de vous. Pour les autres, vous verrez bien qu’il est à propos surtout que vos femmes ne les voient pas, et pour ce qu’ils contiennent, et parcequ’ils sont, aussi bien que les premiers, tous des plus méchants. Je les ai faits pour répondre à cet endroit de votre lettre où vous particularisez le déplaisir que vous donnent les partialités de vos trois grandes actrices pour la distribution