Page:Œuvres de Chapelle et de Bachaumont.djvu/27

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dans le monde quelques uns de ces défauts de tenue qu’on n’y excuse pas toujours, Chapelle s’étoit acquis la réputation d’homme de goût, d’homme littéraire, plutôt que le titre d’auteur proprement dit. En effet, tandis qu’à cette époque les véritables auteurs ne prodiguoient pas ce titre (et ils avoient grandement raison), les hommes du monde eux-mêmes se gardoient bien d’y prétendre au premier mouvement de verve qui les agitoit. Ils aimoient bien mieux, d’ailleurs, en tant que gens de cour, qui, comme chacun sait, avoient le privilège de tout savoir sans avoir rien appris, montrer qu’ils pouvoient faire des vers tout comme les gens de lettres, et assurément ni le duc de Saint-Aignan, ni le duc de Nevers lui-même, ne vouloient être considérés comme des auteurs de profession. Chapelle, quoique loin d’appartenir à un pareil bord, mais mû par d’autres motifs, ne songeoit guères plus qu’eux à la qualité d’auteur, pour avoir donné aux recueils du temps quelques pièces plus ou moins agréables, lorsqu’il disoit :

Tout bon fainéant du Marais
Fait des vers qui ne coûtent guère.
Pour moi, c’est ainsi que j’en fais,
Et, si je les voulois mieux faire,
Je les ferois bien plus mauvais.

Non ; toujours insouciant et toujours incapable