Page:Œuvres de Chapelle et de Bachaumont.djvu/49

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je n’ai pu m’empêcher de mettre
Quelques uns des miens avec eux.
Ainsi le reste de la lettre

Sera l’ouvrage de tous deux.

Bien que nous ne soyons pas tout à fait assurés de quelle façon vous aurez traité notre absence, et si vous méritez le soin que nous prenons de vous écrire et de vous rendre ainsi compte de nos actions, nous ne laissons pas néanmoins de vous envoyer le récit de tout ce qui s’est passé dans notre voyage, si particulier que vous en serez assurément satisfaits. Nous ne vous ferons point souvenir de notre sortie de Paris, car vous en fûtes témoins, et peut-être même que vous trouvâtes étrange de ne voir sur nos visages que des marques d’un médiocre chagrin. Il est vrai que nous reçûmes vos embrassements avec assez de fermeté, et nous vous parûmes sans doute bien philosophes

Dans les assauts et les alarmes
Que donnent les derniers adieux ;
Mais il fallut rendre les armes
En quittant tout de bon ces lieux
Qui pour nous avoient tant de charmes ;
Et ce fut lors que de nos yeux
Vous eussiez vu couler des larmes.

Deux petits cerveaux desséchés n’en peuvent pas fournir une grande abondance, aussi furent-elles en peu de temps essuyées, et nous vîmes le Bourg-la-Reine d’un œil sec. Ce fut en ce lieu que nos pleurs cessèrent et que notre appétit com-