Page:Œuvres de Chapelle et de Bachaumont.djvu/88

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C’est une grande plaine toute couverte de cailloux effectivement jusqu’à Salon, petite ville, et qui n’a point d’autre rareté que le tombeau de Nostradamus32. Nous y couchâmes et nous n’y dormîmes pas un moment, à cause des hauts cris d’une comédienne, qui s’avisa d’accoucher cette nuit, proche de notre chambre, de deux petits comédiens. Un tel vacarme nous fit monter à cheval de bon matin, et cette diligence servit à nous faire considérer plus à notre aise, en arrivant à Marseille, cette multitude de maisons qu’ils appellent bastides, dont toute la campagne voisine est couverte. Le grand nombre en est plus surprenant que la beauté, car elles sont toutes fort petites et fort vilaines. Vous avez tant ouï parler de Marseille, que de vous en entretenir présentement, ce seroit répéter les mêmes choses et peut-être vous ennuyer.

Tout le monde sait que Marseille
Est riche, illustre et sans pareille
Pour son terroir et pour son port ;
Mais il faut vous parler du fort,
Qui sans doute est une merveille.


en cet endroit-la, Jupiter fit tomber sur eux une pluie de pierres qui couvrit de cailloux cette grande plaine. Apparemment c’est à cette fable que Chapelle fait allusion. (La Monnoye.)

32. On voit, par une inscription gravée sur son tombeau, qu’il mourut en 1566, âgé de 62 ans six mois et dix jours. (La Monnoye.)