Page:Œuvres de Chapelle et de Bachaumont.djvu/95

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L’on ne peut être sans horreur
Dans cette terrible demeure,
Et la faim, la soif et la peur
Nous en firent sortir, sur l’heure.

Bien qu’il fût presque nuit et qu’il fît le plus vilain temps du monde, nous aimâmes mieux hasarder de nous perdre dans les montagnes et dans les déserts que de demeurer à la Sainte-Baume. Les reliques qui sont à Saint-Maximin38 nous portèrent bonheur et nous y firent arriver, avec l’aide d’un guide, sans nous être égarés, mais non pas sans être furieusement mouillés. Aussi le lendemain, la matinée s’étant passée tout entière en dévotions, c’est-à-dire à faire toucher des chapelets à quantité de corps saints et à mettre d’assez grosses pièces dans les bassins et dans les troncs, nous allâmes nous enivrer d’excellente blanchette de Négreaux, et de là coucher à Aix. C’est une capitale sans rivière, et dont tous les dehors sont fort désagréables, mais en récompense belle et assez bien bâtie, et de bonne chère. Orgon fut ensuite notre couchée, lieu célèbre pour tous les bons vins, et le jour d’après Avignon nous fit admirer la beauté de ses murailles. Madame de Castelane39 y étoit, à qui nous rendîmes visite


38. Petite ville à huit lieues d’Aix.

39. La Monnoye avoit dit dans une note :

« Si connue depuis sous le nom de marquise de Gange. Elle épousa le baron de Castelane à l’âge de treize ans en 1644, et en secondes noces le marquis de Gange, en 1648. »

Saint-Marc, discutant longuement ces deux da-