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Page:Œuvres de Chaulieu (Pissot 1777) - Tome 1.djvu/113

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ÉPITRE À M. LE MARQUIS DE LA FARE,
Étant à Fontainebleu, en 1701.


Depuis votre départ de la bonne Ville, un enchaînement de plaisirs m’a bien laissé le temps de penser à vous, mais non pas celui de vous écrire. Vous croyez peut-être, parce que depuis la destruction du Paganisme, vous avez pris la place de Comus, et le faites adorer sous le nom de la Fare, qu’il ne nous étoit pas permis, en l’absence du Dieu des Festins et de la Joie, de faire des soupers agréables : nous en avons fait, ne vous en déplaise, les meilleurs et les plus délicieux qu’on puisse faire, chez M. le duc de Nevers ; la compagnie exquise et peu nombreuse, qui rejoignoit seulement les graces de Mortemar à l’imagination de Mancini ; tout eût été parfait, si le luxe et la magnificence de ces repas n’eût été indigne du goût des Convives. Il a fallu tout leur enjouement, pour m’empêcher de sentir le dégoût de l’Abondance ; malgré tout cela, je n’ai pu m’empêcher de m’écrier, en pensant à vous :