Page:Œuvres de Chaulieu (Pissot 1777) - Tome 1.djvu/23

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ce Dieu de l’imagination, livré tout entier à son seul enthousiasme, tenta le premier les rimes redoublées. Il ne les poussa pas aussi loin quelles peuvent aller ; j’en ai cru entrevoir ou deviner la cause. Quelqu’élégant que soit son badinage, il ne l’a pas assez orné, assez soutenu de traits de morale, de maximes de philosophie, de grands principes ou de réflexions, & par-là n’a pu donner assez d’étendue, ni soutenir assez long-temps un badinage qui a quelque chose de trop frivole, s’il n’est enrichi ou rehaussé par ces grands traits. Pour ne pas tomber dans le même inconvénient, j’ai cherché, à l’exemple d’Horace, que je trouve en cela merveilleux, à mêler les réflexions les plus sérieuses sur la brièveté & sur le néant de la vie, sur les miseres de la condition humaine, & sur la fatale nécessité de mourir, aux peintures & aux idées agréables de la molle volupté d’Épicure, & à cette jouissance du présent que j’ai célébré