Page:Œuvres de Chaulieu (Pissot 1777) - Tome 1.djvu/25

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est une espece de musique. Il est aisé de conclure de-là que le nombre & les sons harmonieux en doivent faire la perfection.

Mais quoi que lui & moi pensions là-dessus, on ne peut donner de regle pour y parvenir, & nous n’avons de juge souverain en cela que la délicatesse de l’oreille, présent rare & précieux que nous devons à la seule Nature, quand elle veut bien être prodigue envers ceux en qui elle joint ce talent à la vivacité d’une imagination féconde & juste. Je ne prétends ni soutenir mon opinion par des argumens, ni la prouver par des raisons ; ainsi je ne parle point à ceux à qui le sentiment ne le persuadera pas, & je ne m’adresse point à ceux à qui la délicatesse de l’oreille ne fera point sentir la différence du nombre & de l’harmonie des vers de Virgile & de Tibulle d’avec ceux de Lucrèce & d’Ovide, ou dans notre langue, des belles strophes de Malherbe, d’avec celles de tous nos Fai-