Page:Œuvres de Chaulieu (Pissot 1777) - Tome 1.djvu/27

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le seul travail que m’ont coûté mes vers : je ne pensois que trop ; & mon imagination eut toujours plus de besoin de frein que d’aiguillon.

Il ne me reste qu’un mot à dire des licences que je me suis données quelquefois dans les rimes ; c’est l’effet d’une autre opinion dont je suis également convaincu, que c’est le seul son & non l’arrangement des lettres qui fait la rime que l’on en doit sacrifier la richesse à la beauté de la pensée, & au tour heureux de l’expression. Mais il faut bien observer au moins que le son soit également uniforme ; ainsi je ne ferois pas rimer occasion & raison, le son de l’une étant ion & non pas on ; mais je ne ferai jamais de scrupule de rimer valeur, malheur, avec honneur & faveur, le même son frappant l’oreille, quoique la consonne qui le précède soit différente. Il est impossible que la recherche, & le trop d’exactitude dans la rime, n’ôtent