Page:Œuvres de Chaulieu (Pissot 1777) - Tome 1.djvu/32

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Eh quoi, disois-je, hélas ! au fort de mes miseres,
Ce Dieu dont on me peint les jugemens séveres,
C’est le Dieu d’Israël, c’est le Dieu de nos peres,
Oui, toujours envers eux si prodigue en bienfaits,
A pour les secourir oublié leurs forfaits ;
C’est ce Dieu qui pour eux renversa la Nature,
        Et qui pour leurs soulagemens,
        Força même les élémens
        À rompre cet ordre qui dure
        Depuis la naissance des Temps ;
Et c’est ce même Dieu de qui la main puissante
De ma frêle machine ajusta[1] les ressorts,
        Et, dès-lors qu’elle est chancelante,
Rallume mon esprit, et ranime mon corps :
Son souffle m’a tiré du sein de la matiere ;
C’est lui, qui chaque jour me prête sa lumiere ;
Lui, dont, malgré mes maux, et l’état où je suis,
Je compte les bienfaits par les jours que je vis :
En ce Dieu de pitié j’ai mis ma confiance ;
Trop[2] sûr de ses bontés, je vis en assurance
Qu’un Dieu, qui par son choix au jour m’a destiné,
À des feux éternels ne m’a point condamné.

Voilà par quels secours mon ame[3] défendue
A banni les terreurs dont on l’a prévenue,

  1. Ajuste les ressorts.
  2. Certain de ses bontés.
  3. Mon ame soutenue.