Page:Œuvres de Chaulieu (Pissot 1777) - Tome 1.djvu/53

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des graces qui conviennent au bienfait) disposer comme lui des trésors de l’Hélicon !

Le Dieu qui fait rimer l’a comblé de ses dons ;
Une Muse toujours à son ordre fidelle,
Lui prête pour chanter d’inimitables sons ;
Mais moi, j’invoque en vain un Dieu qui m’est rebelle
Et ne veut m’inspirer que de fades Chansons.

Quelle élégance dans sa Retraite ! Que de beau & que de vrai en Poésie, tandis que les autres font du faux tout l’ornement de leurs Vers ! Parmi plusieurs stances toutes belles, toutes admirables, toutes dignes d’être retenues, certaines entr’autres saisissent l’esprit & le goût ; telle est celle où il dit qu’il consultera le crystal d’un ruisseau pour accoutumer ses sens à l’horreur du tombeau[1]. Cet Ouvrage est plein de belles choses, où d’excellentes ne laissent pas de se faire distinguer. Qu’il parle dans une stance bien dignement du Soleil !

En[2] écrivant, j’admire encore
Ce brillant tourbillon, ce globe radieux,
Et je pardonnerois au Peuple qui l’adore,
À ces superbes noms d’ignorer d’autres Dieux.

  1. Il y avoit ici une comparaison géométrique que Chaulieu a impitoyablement rejettée.
  2. S. Marc, dans une Note sur la Pièce précédente, attribue ces quatre Vers à Chaulieu. On voit avec quel fondement.