Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/295

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Enfin, pour ce qui regarde mes parents, desquels il semble que je tire ma naissance, encore que tout ce que j’en ai jamais pu croire soit véritable, cela ne fait pas toutefois que ce soit eux qui me conservent, ni même qui m’aient fait et produit en tant que je suis une chose qui pense, n’y ayant aucun rapport entre l’action corporelle, par laquelle j’ai coutume de croire qu’ils m’ont engendré, et la production d’une telle substance : mais ce qu’ils ont tout au plus contribué à ma naissance, est qu’ils ont mis quelques dispositions dans cette matière, dans laquelle j’ai jugé jusques ici que moi, c’est-à-dire mon esprit, lequel seul je prends maintenant pour moi-même, est renfermé ; et partant il ne peut y avoir ici à leur égard aucune difficulté, mais il faut nécessairement conclure que, de cela seul que j’existe, et que l’idée d’un être souverainement parfait, c’est-à-dire de Dieu, est en moi, l’existence de Dieu est très évidemment démontrée.

Il me reste seulement à examiner de quelle façon j’ai acquis cette idée : car je ne l’ai pas reçue par les sens, et jamais elle ne s’est offerte à moi contre mon attente, ainsi que font d’ordinaire les idées des choses sensibles, lorsque ces choses se présentent ou semblent se présenter aux organes extérieurs des sens ; elle n’est pas aussi une pure production ou fiction de mon esprit, car il n’est