Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/368

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Et c’est peut-être ce qu’a voulu dire saint Thomas : car, ayant nié que cette proposition, Dieu est, fût claire et comme sans preuve, il se fait à soi-même cette objection des paroles de saint Damascène : La connoissance que Dieu est, est naturellement empreinte en l’esprit de tous les hommes ; donc c’est une chose claire, et qui n’a point besoin de preuve pour être connue. À quoi il répond : Connoître que Dieu est en général, et, comme il dit, sous quelque confusion, à savoir en tant qu’il est la béatitude de l’homme, cela est naturellement imprimé en nous ; mais ce n’est pas, dit-il, connoître simplement que Dieu est ; tout ainsi que connoître que quelqu’un vient, ce n’est pas connoître Pierre, encore que ce soit Pierre qui vienne, etc. Comme s’il vouloit dire que Dieu est connu sous une raison commune ou de fin dernière, ou même de premier être et très parfait, ou enfin sous la raison d’un être qui comprend et embrasse confusément et en général toutes choses ; mais non pas sous la raison précise de son être, car ainsi il est infini et nous est inconnu. Je sais que M. Descartes répondra facilement à celui qui l’interrogera de la sorte : je crois néanmoins que les choses que j’allègue ici, seulement par forme d’entretien et d’exercice, feront qu’il se ressouviendra de ce que dit Boëce, qu’il y a certaines notions communes qui ne peuvent être connues