autre qui est par soi, pourcequ’étant ici question du temps présent, et non point du passé ou du futur, le progrès ne peut pas être continué à l’infini ; voire même j’ajouterai ici de plus, ce que néanmoins je n’ai point écrit ailleurs, qu’on ne peut pas seulement aller jusqu’à une seconde cause, pourceque celle qui a tant de puissance que de conserver une chose qui est hors de soi, se conserve à plus forte raison soi-même par sa propre puissance, et ainsi elle est par soi.
Et, pour prévenir ici une objection que l’on pourroit faire, à savoir que peut-être celui qui s’interroge ainsi soi-même a la puissance de se conserver sans qu’il s’en aperçoive, je dis que cela ne peut être, et que si cette puissance étoit en lui, il en auroit nécessairement connoissance ; car, comme il ne se considère en ce moment que comme une chose qui pense, rien ne peut être en lui dont il n’ait ou ne puisse avoir connoissance, à cause que toutes les actions d’un esprit, comme seroit celle de se conserver soi-même si elle procédoit de lui, étant des pensées, et partant étant présentes et connues à l’esprit, celle-là, comme les autres, lui seroit aussi présente et connue, et par elle il viendroit nécessairement à connoître la faculté qui la produiroit, toute action nous menant nécessairement à la connoissance de la faculté qui la produit.