Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/405

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semblent aux autres obscures et incertaines vous peuvent paroître plus claires, et que vous les concevez peut-être par une simple inspection de l’esprit, sans vous apercevoir de l’obscurité que les autres y trouvent, il sera bon que vous soyez averti de celles qui ont besoin d’être plus clairement et plus amplement expliquées et démontrées ; et lorsque vous nous aurez satisfait en ceci, nous ne jugeons pas qu’il y ait guère personne qui puisse nier que les raisons dont vous avez commencé la déduction pour la gloire de Dieu et l’utilité du public ne doivent être prises pour des démonstrations.

Premièrement, vous vous ressouviendrez que ce n’est pas tout de bon et en vérité, mais seulement par une fiction d’esprit, que vous avez rejeté, autant qu’il vous a été possible, tous les fantômes des corps, pour conclure que vous êtes seulement une chose qui pense, de peur qu’après cela vous ne croyiez peut-être que l’on puisse conclure qu’en effet et sans fiction vous n’êtes rien autre chose qu’un esprit ou une chose qui pense ; et c’est tout ce que nous avons trouvé digne d’observation touchant vos deux premières Méditations, dans lesquelles vous faites voir clairement qu’au moins il est certain que vous qui pensez êtes quelque chose. Mais arrêtons-nous un peu ici[1]. Jusque là vous connoissez que vous êtes une chose qui pense,

  1. Voyez Méditation II, page 247